La couleuvre à collier (Natrix natrix)

Taille :
La couleuvre à collier peut, paraît-il, mesurer deux mètres de long, mais la plus grande que j'ai Les femelles sont plus grandes que les mâles...d'une manière générale, celles qui avoisinent ou dépassent 1 mètre sont des femelles.



Durée de vie :
La couleuvre à collier peut atteindre et même dépasser l'âge de 25 ans.

Signes particuliers :
Comme pour les autres couleuvres, les pupilles sont rondes, contrairement aux vipères qui ont des pupilles en forme de trait vertical.
Sa queue est très effilée, son diamètre se réduit progressivement, ce qui la distingue encore des vipères. 
Cette espèce doit son nom au collier noir et blanc-jaunâtre qu'elle porte derrière la tête.
Très visible chez les plus jeunes, les taches claires du collier s'estompent avec l'âge et finissent parfois par disparaître. Il m'est arrivé à deux reprises de trouver des couleuvres à collier de couleur bleu clair, malheureusement la première avait été écrasée par une voiture, la seconde était en train d'agoniser après avoir reçu derrière la tête un galet envoyé par un pêcheur ...difficile de survivre quand on est un serpent et qu'on est aussi visible !

Protection :
En Europe, la couleuvre à collier, comme tous les autres reptiles, est protégée.
Il est interdit de la capturer, de la transporter morte ou vive ou de la tuer.
Ce serpent est inoffensif et ne possède pas de venin, s'il rencontre une menace, il prend la fuite.
Si elle n'arrive pas à fuir ou qu'elle est surprise, la couleuvre à collier peut adopter une posture d'intimidation : elle se gonfle, "siffle" et donne une forme de V à sa tête, ce qui la fait ressembler à une vipère !
Ce stratagème semble très efficace vu le nombre de gens m'ayant assuré avoir vu une vipère dans des zones où elle est absente (Vosges)...
en ajoutant qu'elle était énorme, alors que les vipères sont de taille bien plus modeste. Je n'ai pu assister qu'une seule fois à cette scène (sur une centaine d'observations) ; la couleuvre se retourne sur le dos et se tortille, bouche ouverte, langue pendante et salive qui s'échappe en formant de petites bulles, puis elle s'immobilise et on croirait vraiment qu'elle est morte.
En dernier recours, une couleuvre qui se fait attraper éjecte par le cloaque un liquide nauséabond sécrété par des glandes spéciales, l'odeur est repoussante et très persistante !

Reproduction :
Les couleuvres à collier en âge de se reproduire et habitant le même secteur se regroupent vers le mois de mai pour s'accoupler.
Les mâles se surmènent alors pour offrir aux femelles La parade nuptiale qui fera d'eux les élus, celles-ci choisissent en général les plus gros, sélection naturelle oblige !

Pour l'anecdote : Etant enfant, en colonie de vacances, je me souviens d'un couple de couleuvres en train de copuler et qui n'avaient rien trouvé de mieux à faire que de tomber dans un puits en forêt, dont la surface de l'eau se trouvait à environ un mètre-vingt plus bas, nous avons mis des branches en travers pour leur permettre d'en sortir, j'espère qu'elles ont réussi, j'adore ces serpents.

Une fois l'accouplement terminé, chacun retourne à ses occupations.
La femelle pond un nombre variable d'oeufs (de quelques-uns à près de cent), selon sa taille, vers le mois de juillet.
Elle choisit alors un milieu chaud et humide, comme un tas de fumier ou de compost lorsqu'il y en a dans les parages, sinon elle opte pour un tas de bois en décomposition ou tout autre endroit similaire en terme de température et d'humidité.
Cette habitude de pondre dans des tas de fumier a d'ailleurs donné naissance à une légende selon laquelle les couleuvres tèteraient les pis des vaches, quelques agriculteurs ayant probablement découverts une couleuvre dans leurs étables...
Bien sûr, cette légende n'est pas fondée mais j'ai déjà pu me rendre compte à quel point elle est vivace !

Mode de vie :
La couleuvre à collier est un serpent solitaire la plupart du temps (hors périodes d'hibernation et de reproduction), même s'il m'est arrivé d'en compter cinq fréquentant le même lieu de pêche, sur moins de deux mètres carré, dans la même journée (jusqu'à trois simultanément).
Cependant, cette cohabitation ne comportait que des individus de taille comprise entre 50 et 70 centimètres qui ne semblaient pas s'occuper les uns des autres, chacun vivait sa vie et l'endroit était peuplé de nombreuses petites perches communes, ce qui permettait à chaque couleuvre de se rassasier sans concurrence alimentaire.

On considère généralement la couleuvre à collier comme étant "un serpent d'eau", il est vrai qu'on la rencontre souvent dans, ou au bord de l'eau, que ce soit en eau calme ou en eau courante.
Elle est alors à la recherche de proies comme des petits poissons ou des grenouilles vertes...la couleuvre nage très bien et peut rester de longues minutes sous l'eau, elle s'approche lentement de sa proie, s'aidant de sa langue qui lui sert à sentir les odeurs, et de ses yeux, elle réagit au moindre mouvement !

L'attaque est rapide, la couleuvre maintient sa victime grâce à ses petites dents et l'avale lentement, souvent tête la première, grâce à de petits mouvements des mâchoires, qui sont indépendantes l'une de l'autre chez les serpents.
Chaque couleuvre peut ainsi avaler plusieurs proies si elles sont petites, mais elle digère tout (os, arêtes de poisson, écailles, etc...), ce qui implique une digestion lente et elle ne repartira à la chasse qu'environ trois semaines plus tard.

Comme tous les serpents, la couleuvre n'a pas de tympans mais perçoit les vibrations transmises par le sol.
C'est pourquoi il est conseillé de frapper le sol avec un bâton en cas de présence de serpents venimeux où vous vous trouvez, les serpents prennent alors la fuite avant votre arrivée.

Il m'est souvent arrivé de rencontrer des couleuvres à collier (de belle taille !) en pleine forêt, bien loin de l'eau, elles ont su adapter leur régime alimentaire et se nourrissent de mulots, de grenouilles forestières comme la grenouille agile ou la grenouille rousse, et notre cher crapaud commun n'est pas à l'abri lui non plus, malgré son venin...

C'est en plein jour que les couleuvres sont habituellement observées, j'en ai cependant déjà vu en action de chasse dans le lit de petits ruisseaux lors de nuits douces (observer la nature de nuit permet de voir un monde différent, qui a en prime un côté mystérieux !).

Prédateurs :
Lorsqu'elle sort de son oeuf, la petite couleuvre mesure entre 15 et 18 centimètres, rarement plus... j'ai déjà vu des lombrics de cette taille, je vous laisse imaginer la suite...les prédateurs sont alors très nombreux !
Il peut s'agir d'oiseaux comme la pie ou la corneille, ou de poissons carnassiers comme la truite, voire même le brochet.
Les mammifères ne sont pas en reste, le hérisson par exemple, adore les serpents, y compris les vipères !
Un jour, alors que j'étais ado, un vétérinaire me sachant passionné de serpents m'a montré un petit serpent conservé dans du formol, en me demandant à quelle espèce il appartenait :
C'était une petite couleuvre vipérine d'une quinzaine de centimètres...elle a été trouvée dans le gésier d'un faisan qui s'est fait abattre par un chasseur.

La couleuvre plus âgée a également un grand nombre d'ennemis.
Les mustélidés en particulier (blaireau, putois, belette...), et des oiseaux comme les hérons sont des prédateurs qu'il vaut mieux qu'elle évite de croiser !
Il n'est d'ailleurs pas exceptionnel de croiser une couleuvre avec un bout de queue en moins, et contrairement à l'orvet, qui lui est un lézard, sa queue ne repoussera pas.